« Vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde ». GANDHI

Une journée de Mai, rencontre à trois, Sylvie Sesé, Guy Aznar, Jacqueline Husetowski-Danguin.

Nous, 3 curieux en incertitude sur le thème du changement –le passage d’un état à un autre- et ses conséquences :
• le provoquer ?
• le subir ?
• en être le maître d’œuvre en « sérénité » ?

A l’instant de la mise en page d’une « tentative synthèse-philosophique » de cette conversation à tout va de 3 heures, nous n’apportons pas la réponse, nous savons que « nous ne sommes sûrs de rien », ce qui nous …. convient.
Ce que nous savons sur Le Changement : il suscite chez les humains des réactions les plus diverses, allant de l’espoir à la crainte.

Voici la « restitution » que nous souhaitons partager avec vous, avec une parution en deux parties.

PARTIE 1/ On vous le dit, il est complexe, paradoxal

1. Le changement c’est quoi ?

Le dictionnaire nous dit que le changement « désigne le passage d’un état à un autre ».
Il peut prendre de multiples formes, de l’évolution jusqu’à la métamorphose. Dans le monde du vivant – biologique, physico-chimique, … – le changement est continu.

  • A l’échelle de la conscience de l’homme, Luc de Brabandère explique que notre changement se fait de manière discontinue, comme un escalier, par paliers : tout évolue autour de nous, mais nous ne pouvons changer sans arrêt, nous évoluons par marche d’escalier, en rupture ; par moment nous avons besoin de stabilité, puis nous faisons un saut jusqu’à la marche suivante.La complexité de notre monde et l’accélération du changement, renvoient de leur coté à l’image d’un jeu de construction dont les pièces dessinent au fur et à mesure des formes complexes.
  • A l’inverse, l’Asie est dans une conception cyclique du changement. Pour François Julien, en Chine, cette conception s’exprime à travers deux modalités, la « modification » et « la continuation » ; les deux s’opposent et en même temps, « la modification sert à la continuation, elle est ce qu’il faut d’altération pour que la continuation puisse se renouveler ». Il y a alors un informel de la transition, un chemin vague, flou, indistinct, « une incessante transition » ; une conception qui pourrait nous permettre d’aborder différemment l’accélération actuelle du changement.

2. Le changement : une injonction ? une nécessité ? une aventure ?

Dans nos professions, nous avons tendance à considérer que le changement est positif ; hors le changement n’est pas forcément un « bien absolu » :

–  il peut y avoir excès de changement, qui va jusqu’à l’instabilité : on « s’agite ; on ne fait pas les choses en profondeur ;
–  dans certaines organisations le mot « changement » est d’ailleurs devenu aujourd’hui synonyme de réorganisation tous les 6 mois (ou restructuration)…plutôt que de mutation ;
quel sens donner au changement ? Au-delà du rythme, est-ce le sens qui fait la différence entre s’agiter, et monter la marche d’escalier ?
tout le monde n’est pas « synchrone » face au changement.

  • Face à l’injonction de changer, la résistance fait partie d’un processus dynamique; différentes postures se croisent: il est important de reconnaître les postures de résistance comme la négation, la colère, qui précèdent des postures d’acceptation, de rebond…
  • Dans certains cas, la résistance au changement peut nous apparaître comme un acte salvateur; un journaliste notait à propos de tribus de l’Amazonie et des problèmes de déforestation que si elles existent encore, c’est qu’elles n’ont pas changé ; leur survie c’est « le non changement ».
    Certaines personnes résistent face aux révolutions numériques comme cette personne disant à ses amis « Je suis résistant de la communication, je ne veux pas vous envoyer de mails, je veux continuer à vous parler ».
    « Il ne faut pas oublier, que les comportements évoluent plus lentement que les technologies »
    dit Bellier dans le e-management.
    Les slows mouvements s’opposent également à une accélération excessive.
  • Et pourtant…. dans un environnement en changement continu, il y a une nécessité de changer. Ne risque-t-on sinon pas d’être à l’écart ? Certains d’ailleurs s’arrêtent en cours de route, et se disent « Je ne suis plus à l’aise dans ce monde, je n’y ai plus ma place ».

La posture du 21ème siècle « LA CONDUITE DU CHANGEMENT ET SES STRATEGIES» peut être vécue comme envahissante et susciter des paroles telles que :
« Pourquoi faudrait-il « FAIRE » du changement ? Pourquoi faudrait-il « ETRE » dans le changement ?

On peut alors distinguer entre :

  • Les comportements de résistance et de freins au changement :
    Ils peuvent se traduire pour certains, par un déploiement des moyens pour tenter ne pas perdre leur équilibre antérieur autour de normes déterminées. Il devient alors indispensable de retrouver « son » équilibre dès que les écarts sont vécus intolérables.D’autres, dépassant cette étape de « résistance au changement », et découvrant une cohérence entre paroles et actes, peuvent s’acheminer vers une démarche volontaire de « passage à l’acte », qui intégrerait leur vision du monde, leurs valeurs, et leurs convictions.
    Défricher de nouveaux sentiers, s’adapter aux évolutions de l’environnement oser puis, expérimenter du différent, devenir « explorateur & innovateur » et s’acheminer vers « leur univers des possibles » est une démarche volontariste.
  • La résistance face à l’injonction au changement qui ne concerne pas la résistance aux évolutions– conservatisme – immobilisme – mais la résistance au pouvoir autoritaire voire arbitraire :L’autoritarisme se traduit par « où je veux que l’individu en soit » -l’opposé du cercle vertueux-, par rapport à « où en est la personne » dans ses capacités de transformation de vie. Dans la mesure où le changement n’est pas naturel, il est important de le reconnaître comme un processus de création collective qui implique la reconnaissance individuelle associée à la coopération, à la négociation, à la réussite de chacune et chacun par une mise en œuvre collective.

3. Le changement et l’identité

Entre le changement et le non changement, c’est comme un balancier, il peut y avoir excès de chaque coté ; un dosage, une complémentarité sont à trouver entre des situations de vie qui vont vers le changement et d’autres qui nous font garder nos valeurs. Par exemple, pour la culture gitane, le passage du nomadisme à la sédentarisation a entraîné un affaiblissement de leur identité.

Cependant, à la question : peut – changer sans perdre son identité, son éthique ? ses valeurs ?
On pourrait répondre par d’autres questions :

  • le changement produit-il des identités métissées et fécondes? Le changement serait-il une occasion d’enrichir, croiser nos identités, nos valeurs ?
  • à l’heure des identités multiples (identités « réelles », identité « numériques » diverses), le changement en devient-il plus fluide, puisque nous passons déjà d’une identité à l’autre ?

4. Les « essaimeurs défricheurs et les laboureurs »

Pour une catégorie d’individus, ce que l’on nomme « le changement » se traduit par une motivation de curiosité qui les entraîne à avancer, découvrir du différent, défricher, préparer le terrain pour semer, et qui n’ont pas la nécessité « d’attendre la récolte »
Ils poursuivent leur route et recommencent en d’autres lieux, on peut les nommer « les défricheurs-essaimeurs ».
Ce n’est pas une décision de changement qui les motive, ces différentes étapes, ressembleraient davantage, à un parcours de curiosité «irrésistible », Ils ne vivent pas cet interruption comme de l’inachevé… Leur curiosité est nourrie par une nouvelle aventure. Leur vie, leur positif, c’est le mouvement.

Par contre, leur entourage peut ressentir que leur façon d’agir est de « l’inachevé » , qu’ils ne vont pas au bout de leur démarche, de leur aventure, voire qu’ils seraient pusillanimes ?

Est-ce que cette démarche peut se nommer changement ?
S’agit-il alors de « changements complémentaires » qui enrichissent l’individu, ou de pulsions irrésistibles pour avancer à son rythme qui ne correspond guère à ce qui est communément appelé changement volontaire, ou subi ?
Leur environnement peut évaluer qu’ils commencent souvent et terminent rarement, avec une notion de jugement négatif, d’autant que cet inachevé peut être vécu comme un comportement égoïste.
Une question passionnante : est-ce que ces personnes laissent une empreinte accessible aux autres, ou ont-elles été des éphémères qui ont simplement survolé les situations et auraient brulé leurs talents ? Serait-ce un gaspillage de leurs talents, d’agir uniquement dans de nombreuses directions sans se poser ? Ou ont-elles semé, comme des pionniers, pour des laboureurs qui à leur suite, vont développer et faire pousser leurs projets.

5. Et pour VOUS, le changement c’est….

Cet espace vous est dédié afin d’échanger, en va-et-vient entre Vous et nous …. sur ce thème du 21è siècle « le changement »
Quelle sont vos pensées, angles de vue, ressentis, émotions sur ce thème du changement ?

Faites nous en part, envoyez-nous vos réflexions, vos envies à lettre@crea-france.fr et nous les intégrerons dans la suite de notre article.

Et rendez vous dans la prochaine lettre pour la PARTIE 2/ LES ROUTES DU CHANGEMENT


Guy Aznar, Conseil en créativité
guyaznar@creativite-conseils.com
www.creativite-conseils.com

 

Jacqueline Hustetowski-Danguin , Agitatrice-coach en créativité
jacquelipapillon@numericable.fr
www.sinequanon-formation.com

 


Sylvie Sesé, Innovations responsables, créativité, étude
sylvie.sese@kword.com