« Changer le monde », c’est l’ambition de l’homme depuis qu’il est né. C’est plus vrai aujourd’hui que jamais, où tout semble devoir être ré-inventé : les relations de l’homme par rapport à la planète qui l’abrite, la manière de concevoir les villes à une époque où tout le monde s’y resserre, la manière de manger, la manière de produire, de se déplacer, de communiquer, la manière de maîtriser les relations économiques, la manière d’organiser des entreprises efficaces et de s’y épanouir.
Au cœur de ce vaste besoin de ré-invention se situe la créativité, noyau de la centrale qui produit notre vie collective.
Produire des idées, nous le faisons tous les jours, naturellement, spontanément. Mais comment cela se passe-t-il ? Comprendre le mécanisme de la production d’idées, pour l’améliorer, pour l’enseigner, pour partager collectivement cette aventure puisque, nous le savons, « nous sommes tous créateurs » : telle est notre ambition.
Y-a-t-il des méthodes, des techniques, des outils différents en fonction des personnes, des groupes, des sujets à aborder, qui permettent de faciliter, d’amplifier la production des idées ? Telle est notre curiosité et l’objet de nos recherches.
C’est le thème du dîner-conférence que nous partagerons avec vous le 17 février : analyser comme si l’on disposait d’un outil extraordinaire, un « scaphandre de l’imaginaire », une « caméra des intuitions », le moment fragile que l’on considère souvent comme magique où naissent les idées, celui que nous appelons le moment de « l’émergence des idées ».
Pour inventer, on le sait, deux modes de pensée peuvent être mis en jeu. Un premier celui de la logique qui s’épanouit dans la science en marche et un autre celui de la pensée créative. Deux modes de pensée complémentaires, deux chemins qui se croisent et que l’on emprunte tour à tour de manière plus ou moins consciente.
Nous nous intéresserons particulièrement à la pensée créative, c’est notre terrain.
Elle prend le contre-pied de la logique (provisoirement). Pour oublier le jugement (provisoirement), pour casser la chaîne des causalités, s’évader des chemins mille fois empruntés dans les circuits neuroniques, elle dispose de deux stratégies.
L’une qui joue sur la vitesse, sur des enchaînements tellement rapides qu’ils ne laissent plus au jugement le temps de souffler, et le court-circuitent. Elle est popularisée par la démarche du brainstorming, nous l’appelons « la posture dynamique ».
L’autre, moins connue, qui nous intéresse, joue à l’inverse sur la lenteur, elle recherche le flou et le vague des moments d’intuition. Nous l’appelons « la posture sensible ».
Elle suppose une mobilisation émotionnelle plus grande, un climat de groupe plus exigeant permettant de mettre les imaginaires en commun.
Dans un cas comme dans l’autre, la pensée créative effectue « un détour » par rapport à la ligne droite de la logique.
Le détour « dynamique » est décrit par les termes de : divergence / convergence.
Le détour « sensible » est décrit par les termes de : éloignement / émergence / convergence.
Deux manières de parcourir le détour créatif qui sont complémentaires ou conviennent mieux à tel ou tel type de sujet, à tel ou tel type de personnalité, à tel ou tel type de culture.
Nous approfondissons la posture sensible.
Parce qu’elle a été jusqu’ici moins décrite.
Parce qu’elle nous paraît ouvrir des champs imaginaires plus riches, susciter des idées plus fortes en termes de potentiel de rupture ou en termes d’ouverture sur le futur.
Parce que nous l’aimons.
Nous rappellerons en conclusion que le processus de création d’idées n’est qu’un ingrédient du processus plus global de production de solutions. C’est une précision importante.
Nous abordons ici une recherche en cours d’élaboration. Pour l’approfondir, nous comptons sur vos idées.
Stéphane ELY
Conseil en innovation créative et stratégie de marque.
Guy AZNAR
Conseil en créativité