Que se passe-t-il dans le cerveau et dans les actes de ceux qui cuisinent et ceux qui mangent pour arriver à faire d’un plat ou un repas un geste créatif ?
Etonnement, alors qu’il semble que sans créativité point de reconnaissance dans la cuisine moderne, cette dimension sensible ou conceptuelle du « fait culinaire » est plus souvent commentée et jugée, souvent avec talent, parfois avec morgue, que réellement explorée…

Ce sont ces aspects de la cuisine dans tous ses états (gustatifs, techniques, sociaux, discursifs…) que l’Observatoire de la Créativité Culinaire de l’Ecole Ferrandi à Paris va s’attacher à mettre en lumière. Merci à Créa-France d’accepter de faire avec lui un petit bout de chemin disruptif sur ses fonds baptismaux.

En effet, quel est le point de vue, gourmand ou curieux, des professionnels de la créativité sur ce sujet, telle est la question qui ne peut que donner à réfléchir pour les toqués et tous les autres qui aiment réenchanter nos assiettes.

Comme premiers ingrédients d’un plat d’idées à servir et largement à inventer ensemble, voici un simple point de départ :

D’un côté, la créativité, en tant que démarche avec ses fulgurances, ses concepts et ses pratiques est un enjeu croissant dans toutes les activités humaines, notamment économiquement finalisées. D’un autre côté, la cuisine est davantage et par essence répétition et transmission. Elle a longtemps ancré sa rhétorique dans la formalisation sans trop de transgressions, de règles, de gestes, de techniques.
Deux activités humaines apparemment donc sans espoir de se lier autour d’une table ou dans un plat, sans malentendu ou posture alambiquée.

Et pourtant, et pourtant, la cuisine créative et la créativité en cuisine semblent être devenues l’objet d’une tendance qui touche tous ceux qui la pratiquent, que cela soit pour épater les copains ou attirer les clients.
Dans la valorisation de l’art culinaire elle est même un passage du discours obligé. Chez certains c’est tellement une évidence qu’ils ne la revendiquent même pas. Chez d’autres elle est reconnue sans que l’on sache de quoi elle est composée. Chez d’autres encore, elle fait peur car elle fait sortir la cuisine de sont lit « naturel ».

Or la demande de créativité dans les assiettes est ambigüe, tant le mangeur est pris dans son paradoxe entre la crainte (dégoût) et l’inclinaison pour la nouveauté. Elle est néanmoins une aspiration possible de toutes les cuisines, de la cantine de nos enfants aux plus grandes étoiles du ciel culinaire… et aujourd’hui attire même les designers.

Cette créativité qui fait de nous des enfants ébahis quand son objet réussit à atteindre notre palais ou notre cerveau, qu’est ce que c’est ?

Pour échanger autour de ces réflexions, les assaisonner, les épicer et dresser la table, Laurent ARON, sémiologue du goût, se fera un plaisir de partager avec ceux qui en ont l’appétence quelques moments de convivialité et de digression autour de l’esprit de la cuisine.

PS : A défaut de garantir à coup sûr l’usage des ronds de serviettes, n’oubliez pas de venir avec des têtes sans carrés

Laurent ARON

Sémiologue, Consultant, Formateur & Conférencier