Je me hate avec lenteur pour vous parler d’elle…

Quel parti prendre ? Celui de la philosophie, celui de la conviction en argumentant ? Redorer tes lettres de noblesse par rapport aux « injures » qui te sont adressées ? Mon parti pris : Je vais t’arpenter en m’exprimant sur ta beauté « intérieure » toi qui fais entre autres, s’entrelacer et amplifier les émotions par des rythmes lents musicaux …

« La lenteur est la meilleure réponse à l’urgence »

Nous aimons la vivacité, la virtuosité, la rapidité dans tous les domaines pratiques et théoriques.

Ode à toi lenteur

Avec une lenteur trépidante, j’ai décidé de te dédier une missive -lente heure(use) afin de te permettre de retrouver un juste espace d’existence, par ma quête de réhabilitation et de découvertes de ton existence.

Mon défi : RETROUVER-RÉINVENTER LA LENTEUR DANS UN MONDE OU LA RAPIDITÉ FAIT LOI.

Je t’honore par ces « presques haikus » inventés pour toi, par moi :

Lenteur Retrouvée
Humer les Sens
Découvertes Infinies
Déguster flânerie
Découvrir espace de l’Autre
Ouverture instant-créativité
T’étirer lascivement
T’enlacer farouchement
T’accrocher mes pas, pas-à-pas

Un proverbe arabe dit « que la lenteur arrive souvent au but tandis que la précipitation s’empêtre souvent en chemin ».

Et pourtant quels commentaires négatifs ont surgit et surgissent encore pour te raconter :

« Manque de rapidité et de mouvement dans l’action »
« Qui se fait dans un temps relativement long en comparaison avec d’autres »
« Avoir une grande lenteur d’imagination »
« Qui manque de vivacité »
« Apathie, indolence, nonchalance, mollesse » …

Aujourd’hui la culture est à la rapidité … Nous sommes si pressés que la personne ou la chose qui nous ralentit, représente d’emblée, l’ennemi à abattre. Tout un courant d’opinion met en question ce culte de la vitesse et réaffirme les vertus de la lenteur, Baptisé  »Slow », il ne prétend nullement qu’il faut tout faire à une allure d’escargot, mais souligne que notre qualité de vie passe par un meilleur équilibre entre rapidité et lenteur…

4ème de couverture du livre de Carl HONORÉ « Lenteur mode d’emploi » (éditions Marabout)

Janvier 2014, Télérama avait posé la question : Pourquoi le plaisir de la lenteur a-t-il disparu ? La réponse fut apportée par Kundera : « …parce que la vitesse est la forme d’extase dont la révolution technique a fait cadeau à l’homme ».

Plus profondément il y a pour l’écrivain « un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli » ainsi défini : notre époque est obsédée par le désir d’oubli et c’est afin de combler ce désir qu’elle s’adonne au démon de la vitesse. Prendre position pour la lenteur, serait donc pour Kundera une attitude morale sinon politique…

« Je marche moins, mais je regarde mieux. Je ne gambade pas avec mes jambes, mais avec le regard »

« Flâner, c’est avancer librement, lentement, dans une ville pressée, n’attacher du prix qu’à la merveille de l’instant »

Citations de Pierre SANSOT « Du bon usage de la Lenteur » (Editons Payot et Rivages Essai)

Et Je poursuis :

Il est important que le mental soit en relation avec le corps.
Il est important de découvrir la temporalité, afin d’apprécier la vie.
Le temps est un facteur d’importance afin d’intégrer de nouvelles connaissances.
Pour changer d’avis et/ou de direction, ralentissons.
Re-Ecouter la Lenteur, lui redonner la hauteur à ses Valeurs, c’est redonner du Sens, de l’Equilibre à ses pensées.

Et une AcrostichE :

L ‘Autre
E coute
N ouveautés
T emps Retrouvé
E tre
U niverselle
R espiration nouvelle

Se souvenir de Tes origines :

Rodrigo Amarante jeune chaman-chanteur brésilien pourrait revendiquer le statut de leader de la branche musicale du slow movement pour « une planète plus lente ».

Alors, re-dégustons un peu de lenteur en nous étirant tranquillement et en prenant soin de bien bailler pour oxygéner notre cerveau. Enfin, ouvrons comme une fleur de lotus notre conscience au monde merveilleux qui nous entoure.

La musique brésilienne porte en elle la langueur idéale chère aux pôètes…

Le rythme de la bossa nova est né du ralentissement de la Samba, et l’on sent à tout instant que cette samba cachée peut « nous péter à la figure ».

Et puis cette manière de chanter de Rodrigo « couché derrière », derrière le temps, avec un léger retard.

Oui le chanteur s’étend nonchalamment sur la musique, comme s’il avait décidé d’étirer un tempo qui, lui pourtant, ne bouge pas.

Et si Rodrigo Amarante participait à une expérience quantique d’abolition du temps ?…

Alors, Amie, retrouves-tu de l’espace, retrouves-tu ta juste place, un nouveau chant, une belle danse ?

Je pense à toi, à nous, à moi, à ceux que j’aime, qui, observes les, te font une place, de l’espace, une poésie, une nouvelle vie.

Merci de Toi, Ton Amie Jacqueline

Et comme le dis un Corse que j’apprécie : « Qui va piano, va lontano »

P.S : Je disais ne pas prendre le parti philosophique de la lenteur, et pourtant je ne puis résister à partager avec vous cet aspect si clairvoyant et réaliste de notre ancêtre Platon :

Pour penser dit Platon, il faut cheminer (odos, et dans l’histoire de la philosophie la métaphore du chemin est récurrente) ; parcourir lentement une méthode ; déjouer difficilement les séductions des opinions, des évidences et des mots ; construire patiemment l’espace du dialogue vivant au sein duquel les positions changent et s’échangent sans parvenir parfois à une solution, à un passage : cette absence de passage, les Grecs l’appelaient une a-porie, un embarras, un doute.
Et à cet égard, tous les dialogues platoniciens répètent ces scènes où les interlocuteurs de Socrate sont toujours pressés de répondre sans trop de réflexion, sans penser leur pensée : leur hâte est toujours égale à leur suffisance et à leur dogmatisme. Socrate est le contraire de l’homme pressé.

On l’accuse d’endormir ou de paralyser ses interlocuteurs (Ménon) et d’avoir lui-même l’esprit lent et engourdi.

Et au lieu de protester, Socrate revendique cet engourdissement car il est, selon lui, le seul remède (le remède de la critique) contre l’illusion de savoir, et le seul moteur du désir de sa recherche…

Pierre-Henry FRANGNE Maître de Conférences en Philosophie de l’art à l’université de Rennes 2 Haute Bretagne (UFR Arts, Lettres et Communication).

Jacqueline HUSETOWSKI-DANGUIN

Sine qua non Conseil Formation – Consultante en Démarche de Changement