Ce n’est pas un code secret mais les initiales d’un ethnologue japonais, KAWAKITA Jiro, qui dans les années 1950 travaillait au Népal. Chercheur spécialisé dans la vallée Sikha, au sud-ouest de l’Annapurna, il décida d’aider concrètement les habitants, qui vivaient une situation de désastre écologique, en conduisant avec eux un projet technologique à petite échelle nécessitant leur consensus…

Cette expérience de terrain est directement à l’origine de la méthodologie KJ qu’il développera par la suite au Japon. Le KJ sera reconnu en 1976 par le JUSE (Association Japonaise des Scientifiques et Ingénieurs) comme un des 7 M (recueil de sept nouveaux outils de management) sous le nom de diagramme d’affinités. Sous cette forme, cette méthodologie devient un regroupement en clusters, de faits ou d’idées, suivant leurs relations naturelles.

Utilisé dans sa globalité, le KJ est performant et singulier car il s’appuie sur l’intuition, au moment crucial de regroupement des données, où le « penser avec la main » associé à l’espace temps catalysent les talents et l’accomplissement des mises en œuvre.

En KJ, une singularité doit être respectée, un double paradoxe, pour permettre le décloisonnement du regard :

  • « l’interdiction » d’organiser les post-it « en ordre » quelque soit la phase
  • « ‘interdiction » de déterminer en amont titres et catégories

Les réactions étonnées et enthousiastes des groupes que j’ai menés sont démonstration que le KJ est aussi efficace et pertinent dans le monde occidental que dans le monde japonais.

Notons que la part fondamentale laissée à l’intuition permet de rapprocher le KJ de la démarche « sensible » qui est aujourd’hui une des forces de la créativité développée en France.

Le « penser avec la main » est l’ouverture en fanfare au passage de Dame Intuition.

Françoise-Marie THUILLIER

Catalyseur de créativité